Technique : Huile
Citation : « Voir, regarder, découvrir. Puis inventer, créer… » Le Corbusier, architecte français
Membre d’honneur de l’Institut des Arts Figuratifs
Les peintures à l’huile de Jacques Léveillé fascinent par la représentation figurative à la fois ancrée dans le réel et imprégnée d’un univers onirique généralement associé au mouvement surréaliste.
La passion de Léveillé à l’égard de la peinture, suivie de sa décision de s’y consacrer totalement, s’est manifestée dans les années 80 après de nombreux voyages où il fait la tournée des plus grands musées d’Europe et d’Amérique.
Léveillé a étudié à l’Institut des Arts Graphiques à Montréal. En 1968, il fait son entrée à Radio-Québec à titre de concepteur visuel. Sa créativité débordante trouve rapidement un terrain propice pour s’exprimer. Parmi ses réalisations marquantes, soulignons le symbole graphique d’identification de la station et surtout ses décors audacieux, pour lesquels de nombreux prix lui sont octroyés. Les rivières de tissus, animés par d’étonnants éclairages, se déployant et s’étirant sont des signes précurseurs de sa démarche picturale subséquente.
Parallèlement à sa carrière de décorateur scénique, Jacques Léveillé est illustrateur et concepteur-graphiste aux Éditions Leméac. De 1974 à 1984, il réalisera plus de trois cents couvertures de livres, dont celles d’auteurs réputés, tels que Michel Tremblay et Antonine Maillet.
En 1988, il tient sa première exposition solo à la Maison de la Culture La Petite Patrie. Sa démarche artistique suscite un intérêt immédiat, notamment de la part d’historiens et critiques d’arts qui lui consacreront des articles : entre autres, l’historien et critique d’art Louis Bruens en fait mention dans son livre paru la même année « Investir dans les œuvres d’arts ».
L’année suivante, l’artiste se fait également remarquer à New York lors d’une exposition solo à la Galerie d’Art Contemporain Michael Fletcher.
En 1992, il participe à une exposition collective d’envergure La Figuration Critique présentée au Grand Palais à Paris. À son retour en sol québécois, Léveillé bénéfice d’une couverture médiatique élogieuse.
À trois reprises, l’artiste est sélectionné par des membres de jury lors de concours internationaux tenus en 1993, 1994 et 1997. Il expose au prestigieux National Arts Club de New York. En 1995, une rétrospective de ses œuvres est présentée à Montréal à la Maison de la culture Mercier.
En 1999, Léveillé décroche une bourse du Conseil des Arts du Canada et s’envole pour le Japon où il est invité à exposer en solo à la galerie de l’Ambassade du Canada à Tokyo. En 2004, une autre bourse lui est décernée lorsqu’il remporte le Grand prix au 37e concours organisé par la Society of Canadian Artists. Mentionnons également que Léveillé est membre de la Royal Canadian Academy.
Parmi les galeries montréalaises qui l’ont représenté, mentionnons entre autres, la Galerie Berensen, la Galerie Bernard, le Studio 261 et la Galerie d’Arts contemporains. Ajoutons à cela, la Galerie Varasmus à Ottawa et la Galerie Prince Arthur à Toronto.
Les œuvres de Léveillé font partie de nombreuses collections particulières et publiques. D’ailleurs, on peut admirer le polyptique intitulé « Les trois temps » qui orne le hall d’entrée de la Tour McGill à Montréal. L’œuvre de proportions magistrales a été acquise par un consortium allemand.
Les expositions solo et collectives se multiplient de même que les articles dans les journaux et magazines. La prestigieuse revue française Demeures et Châteaux, sous la plume de l’historien Gérard Xuriguera, auteur et critique d’art renommé, décrit en ces termes l’œuvre de Léveillé dans un article paru en 1993:
On préférera avancer l’appellation de Réalisme Fantastique, car, bien que la réalité focalisée soit toujours fidèlement traduite, un élément insolite, inattendu, vient parfois subvertir le regard et l’entraîner sur des chemins buissonniers.
Démarche
Cet artiste privilégie l’utilisation de la technique traditionnelle de la superposition des glacis dans la réalisation de ses peintures à l’huile. Sa maîtrise technique est souvent comparée à celle des maîtres flamands et hollandais du 17e siècle et, plus particulièrement, à Vermeer.
L’œuvre pictural de Léveillé témoigne d’une « réalité inclassable ». Robert Bernier, auteur du livre « La peinture au Québec depuis les années 60 : les frontières imprévisibles », publié en 2002 par Les Éditions de l’Homme, précise :
La peinture de Léveillé n’est pas hyperréaliste. Elle déborde sciemment le cadre de la réalité physique. On ne saurait non plus la qualifier de surréaliste, car la représentation est trop ancrée dans le réel. Elle n’est pas davantage symboliste, puisque ce qui est incongru dans sa peinture n’a pas de portée symbolique, du moins pas directement.
Comment dès lors qualifier la peinture de Jacques Léveillé ? Marilyn-Ann Ranco, journaliste dans le domaine des arts (notamment Magazin’Art et International Artist) met en lumière ce qui réside au cœur même de sa démarche artistique actuelle :
L’aspect ludique est très présent dans l’univers de Léveillé. Suite à un voyage culturel en Italie en 2003, il oriente sa récente production autour de sculptures insolites qu’il crée et qu’il intègre à ses paysages de la Sicile. Ces formes qu’il réalise en trois dimensions avant de les peindre, sont d’étranges entités, entre homme et bête, personnages fantastiques entre rêve et jeu d’enfant. Le rapport entre les paysages siciliens, les personnages humains et ces personnages imaginaires est intrigant, déstabilisant, obligeant le spectateur à se questionner, à échafauder des hypothèses, à chevaucher le fil ténu, invisible, entre le réel et l’imaginaire. L’art de Léveillé est empreint d’onirisme; son pinceau, tel un funambule glisse sur un fil imaginaire, véritable fil d’Ariane, entre deux mondes parallèles, entre le vrai et le faux, entre la matière et l’illusion, nous faisant miroiter simultanément les deux faces du miroir.